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Au Brésil, l’équitable sur l’avenir – Matéria no jornal francês Libération

By 24 de janeiro de 2010novembro 5th, 2014No Comments

Confira abaixo e no link http://www.liberation.fr/monde/0101610294-au-bresil-l-equitable-sur-l-avenir a matéria sobre Solidarium e Aliança Empreendedora  veiculada no caderno “As Soluções Liberais” do jornal francês Libération, publicado em mais de 20 países. A matéria foi publicada no Natal passado, dia 25 de Dezembro de 2009.

Au Brésil, l’équitable sur l’avenir

Reportage – Des favelas à la grande distribution, l’économie solidaire est en plein boom.

Capa - Libération - dez/09

Capa - Libération - dez/09

Maria s’affaire sur sa machine à coudre flambant neuve. Elle termine un dernier lot de nécessaires pour les magasins Renner, une des principales chaînes d’habillement au Brésil. Le salon de Maria, où elle a installé son atelier de couture, est sens dessus dessous. Des piles de tissus s’entassent partout. Les trousses floquées de papillons s’alignent sur le sofa. «Au total, j’en ai fait 125, plus 150 sacs», raconte fièrement cette femme de 49 ans.

Nous sommes à Vila Zumbi, une favela des environs de Curitiba, capitale du Paraná (Etat du sud du Brésil). Depuis dix jours, Maria et les autres membres de l’Association des entrepreneurs Zumbi dos Palmares (AEZP), spécialisée dans les accessoires et les articles de décoration en tissu, travaillent à la commande des magasins Renner : deux modèles de sacs et autant de nécessaires, disponibles depuis cette semaine dans 110 points de vente sur le territoire national. Les 45 «associés» de l’AEZP sont pour la plupart des gens du quartier. Comme Maria, ancienne employée de maison, ils étaient condamnés, faute de qualification, à des emplois mal rémunérés, sinon au chômage. Aujourd’hui, les femmes sont couturières et les hommes sérigraphes. Ils ont été formés par l’association.

«L’AEZP a vu le jour il y a cinq ans, parce qu’on ne savait pas où vendre ce qu’on produit, raconte sa fondatrice, Diva Paganardi. On s’est dit qu’ensemble, tout serait plus facile.» Il y a encore deux ans, néanmoins, l’association ne vendait pas grand-chose. «Aujourd’hui, la demande est telle que nous sommes à la recherche de nouveaux artisans», se réjouit Paganardi. Les ventes ont bondi grâce à Solidarium, une entreprise de commerce équitable par le biais de laquelle l’AEZP a trouvé des débouchés importants : les magasins Renner, mais aussi la chaîne américaine de grande distribution Wal-Mart et celle d’ameublement franco-brésilienne Tok&Stok. Les commandes sont conséquentes : 4 500 pièces par mois pour Renner ; 3 000 pour Wal-Mart ; 350 pour Tok&Stok. L’AEZP en fournit environ 20%. Le reste est produit par les 34 autres associations ou coopératives d’artisans avec lesquelles traite Solidarium.

Matéria Aliança / Solidarium

Matéria Aliança / Solidarium

Prix juste.

L’entreprise a été fondée en 2006 par des jeunes de Curitiba. «Nous voulons faire du profit tout en contribuant à l’inclusion sociale», explique son jeune directeur, Tiago Dalvi, 23 ans. Depuis l’arrivée au pouvoir du leader de gauche Lula, en 2003, la pauvreté a nettement reculé – notamment grâce aux aides versées par l’Etat -, mais elle touche encore des dizaines de millions de Brésiliens. Dans ce pays marqué par de profondes inégalités sociales, le commerce équitable, communément admis comme un échange entre les pays du Nord et ceux du Sud, n’a pas besoin de traverser les frontières et fait appel à la solidarité des couches aisées. «Au Brésil, ce type de commerce est encore très limité, reprend Tiago Dalvi. Nous, nous voulons aider le plus grand nombre d’artisans à écouler leur production dans la grande distribution, à laquelle ils n’ont généralement pas accès.» Beaucoup dépendent d’intermédiaires malhonnêtes qui achètent à prix très bas et revendent beaucoup plus cher. Solidarium tente, au contraire, de trouver un prix juste. «Le producteur gagne bien plus que nous, précise Dalvi. Son revenu net représente 28 à 35% du prix final payé par le consommateur – la moyenne est de 21% dans le commerce équitable – contre environ 5% pour Solidarium. Nous préférons gagner peu sur chaque unité, mais en vendre beaucoup.» Le tout dans le respect de l’environnement. Les sacs et trousses de Renner, par exemple, sont en plastique et en vinyle issus du recyclage de bouteilles et d’affiches publicitaires par les ramasseurs d’ordures de Curitiba. Solidarium est chapeautée par Aliança Empreendedora, une organisation d’intérêt public fondée par le même groupe de jeunes. Son objectif : le soutien à la petite entreprise et à l’économie solidaire, base du commerce équitable.

Goulots. Le gouvernement estime à quelque 50 000 le nombre d’associations, coopératives et autres groupements qui se réclament de ce type d’économie au Brésil. Les 22 000 recensés jusqu’ici dégagent un chiffre d’affaires de plus de 2,35 milliards d’euros et occupent deux millions de personnes. «Au départ, les gens se repliaient sur cette forme d’organisation pour faire face au chômage, explique Fabio Sanchez, en charge de l’économie solidaire au gouvernement. Aujourd’hui, ils le font surtout par choix.» Son secrétariat, créé par Lula, a mis en place des politiques de soutien, mais les besoins sont tels que toute contribution est bienvenue.

L’Aliança agit sur les goulots d’étranglement du secteur : la commercialisation, mais aussi l’accès au crédit, difficile pour un public pauvre qui n’a pas de garantie à offrir, et la formation à la gestion d’entreprise. «Nous apprenons également aux artisans à déterminer les prix et à négocier, poursuit Dalvi. Car l’objectif ultime est de leur permettre de vendre directement leur production, sans passer par nous.» Selon lui, le revenu moyen des artisans partenaires de l’Aliança a triplé. Dans le cas de ceux de l’AEZP, il aurait même décuplé, passant à environ 500 réaux (196 euros). Maria en a empoché près de 3 000 cette année. C’est moins que l’an dernier, car la crise est passée par là et les commandes ont été réduites (les artisans sont payés à la production), mais c’est un sacré coup de pouce pour elle, qui vivait jusqu’ici de la maigre pension de son défunt mari. «Ma situation s’est améliorée du tout au tout, témoigne Maria. Désormais, j’ai de bonnes choses à manger. J’ai même pu payer une fête d’anniversaire à mon petit-fils.»

Indépendance. L’AEZP a dopé sa production grâce au microcrédit fourni par l’Aliança, qui a permis l’acquisition de nouveaux équipements. Chaque couturière a désormais sa propre machine à coudre. «Du coup, je peux travailler chez moi, sans avoir à quitter mes enfants», se félicite Simone, 24 ans. Comme tant d’adolescentes pauvres, Simone a dû quitter l’école très tôt, pour cause de grossesse précoce, à 13 ans. Il y a deux ans, elle a décidé de travailler. Elle aime ça : «Je me sens utile», dit la jeune femme. Les bons mois, elle gagne l’équivalent de 240 euros. De quoi conforter le gouvernement de Lula, qui voit dans le commerce équitable un moyen de prolonger ses politiques de lutte contre la pauvreté.

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